Francis Bacon au sujet de la Villa Frontalière
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Bacon semble s’être rendu en Principauté pour la première fois à l’aube des années 1940 comme l’atteste une lettre, datée du 3 juin 1940, envoyée à l’artiste à Monaco par sa cousine, Diana Watson, l’informant du décès de son père.
En 1946, Erica Brausen, qui travaille alors à la Redfern Gallery, rencontre Bacon grâce à un ami commun, le peintre Graham Sutherland, et lui achète Peinture 1946 pour un montant de 200 livres sterling. Avec les gains liés à cette vente, Bacon quitte aussitôt Londres pour s’installer à Monaco.
La Principauté devient la résidence principale de Bacon de juillet 1946 jusqu’au début des années 1950. Il s’installe tout d’abord à l’Hôtel Ré où il vit avec son amant et mécène, Eric Hall, et sa nourrice Jessie Lightfoot. Graham et Kathleen Sutherland font partie des amis qu‘il fréquente régulièrement pendant ses premières années monégasques.
Bacon est séduit par l’ambiance et le style de vie de Monte-Carlo. Par ailleurs, il apprécie les paysages méditerranéens mais aussi les bienfaits de l’air marin pour son asthme.
Le casino Belle Époque, avec son atmosphère hautement raffinée, attire l’artiste, joueur chevronné. Dans un de ses entretiens avec David Sylvester, il déclare : « Je me souviens de la première fois où j’ai séjourné à Monte-Carlo, j’étais complètement obsédé par le Casino et j’y passais des journées entières […] ». Bacon était stimulé par les alternances d’exaltation et d’abattement que le jeu, tout comme la peinture, lui procuraient. Le jeu repose sur l’élément du hasard, élément également crucial dans le processus créatif de l’artiste.
Malgré les nombreuses distractions qui s’offrent à lui, Bacon parvient à travailler en Principauté. Il perçoit Monaco comme un lieu « […] propice aux images qui me viennent toutes faites à l’esprit ». C’est à Monaco qu’il commence à concentrer son travail sur la forme humaine, une étape décisive dans son travail qui l’amènera plus tard dans sa vie à être reconnu comme l’un des artistes figuratifs majeurs de l’après-guerre. Bacon y entreprend ses figures papales et sa série de têtes et met également en place de nouvelles techniques de travail.
Tout au long de sa vie, Bacon n’a cessé de se rendre régulièrement à Monaco et dans le sud de la France. On l’y voyait fréquemment avec ses amis, ses amants et sa sœur. Le Café de Paris, le Chatham Bar, le Pulcinella et Le Pinocchio faisaient partie de ses bars et restaurants préférés. Son dernier séjour monégasque remonte à l’année 1990, soit deux ans avant sa mort.